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10/09/2010

3 - AUX FOLIES BERGERE !

     Nous étions dans les années 77 , j'étais mannequin aux Folies Bergère . Après des débuts en 1975 suivis de quelques péripéties, je venais d'être réengagée dans la troupe et plusieurs mois de répétitions avec le chorégraphe Jean Moussy commençèrent .

     La nouvelle revue "Folie ... je t'adore" débuta enfin et, toujours à l'affiche, la pétillante vedette Liliane Montevecchi .

Je suis en "plumes" à droite de Liliane

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                                       Photos parues dans "JOUR DE FRANCE"   

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                                            img008.jpg  à droite d'Henry Salvador, c'est moi !

     La "première" eut lieu en présence de nombreux artistes de renom et la participation d'Henry Salvador qui, convié par la meneuse de revue Katia Tchenko, monta sur scène . 

 

     Quelque temps après, le spectacle battait son plein en matinées et soirées . Un soir, pendant l'entr'acte, j'aperçu dans les coulisses une silhouette inhabituelle, vêtue d'un Burberry . Les traits du visage me firent penser à l'acteur Jean Marais . Mon regard croisa le sien et j'eus comme un coup de foudre ...  Puis, l'homme se dirigea vers une loge, celle de l'illusionniste Bertie Cortez, artiste comique très talentueux qui présentait un numéro hilarant, "Le barbier de Séville" . Quand le spectacle reprit, je finis par croiser Bertie entre deux changements de costumes et le questionnai pour savoir "qui" était venu le voir . Il me répondit avec un fort accent anglais, que c'était son ami "DJOD", venu également applaudir Gérard Sety, dans son fantisque numéro comique à tête de cheval . 

              ( Une pensée de réconfort pour Madeleine )        img047.jpg

     Plusieurs jours passèrent et un soir, arborant son large sourire habituel, Bertie me proposa de venir le retrouver après le spectacle, à la "Calavados" avec une copine si je voulais . Je proposai donc à Hélène de m'accompagner sur les Champs Elysées . Le spectacle fini, on se démaquillait rapidement, sauf le "pancake" qui colorait les parties visibles de notre corps et on prit le métro .

   Je ne connaissais pas encore "La Calavados", un superbe endroit où nous attendait Bertie et quelle ne fut pas ma surprise ! En voyant à ses côtés  le fameux "DJODJ ", que j'avais aperçu dans les coulisses des Folies Bergères quelques jours auparavant . Il nous présenta donc à Georges U..., un célèbre chanteur que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam . Les deux amis manifestaient leur joie de se retrouver par des plaisanteries et des éclats de rire qui fusaient sans aucune discrétion . Le chanteur dégageait un charme fou et sa voix grave à l'accent allemand ( il était danois d'origine ) ajoutait une touche de séduction . Il avait retiré ses lunettes et je découvrais ses yeux rieurs, lui donnant un air d'écureuil malin. De notre côté, mon amie s'amusait beaucoup et moi, j'étais aux anges . La soirée s'acheva gaiement et chacun retourna chez soi . 

 à suivre ...

 

 

 

 

 

 

 

 

26/07/2010

10 - Mi Poète et mi Clochard

C'est ainsi que se définit l'artiste, dans l'une de ses dernières chansons "Mes hommages Mesdames" .

Georges avait plus du double de mon âge, mais svelte et dynamique, il en paraissait  presque vingt de moins . Il était jeune d'esprit et très amusant, adorait W.C. FIELS et Francis Blanche, Serges Davry, qu'il avait connus et me racontait souvent des histoires drôles, incroyables, qui s'étaient réellement passées . Il était très admiratif des Marx Brothers et revoyait sans se lasser leurs films . Il ne manquait pas d'humour lui-même et l'on ne s'ennuyait jamais en sa compagnie .

Au début de notre rencontre, Georges habitait chez sa vieille maman qu'il affectionnait, dans le quinzième arrondissement de Paris, à cinq minutes à vol d'oiseaux de chez moi . Il sortait d'une histoire d'amour à la fin douloureuse, avec une jeune femme qui avait dû lui inspirer une autre de ses dernières chansons, "Fini" . Et, devenu à nouveau père tardivement, cette situation lui donnait quelques préoccupations . Mais il m'en parlait avec une grande bienveillance et je sais qu'il se faisait rappeler à l'ordre par sa si chère vieille mère, ( qui "veillait au grain" selon son expression ) quand,  par étourderie, il venait à manquer à ses obligations ...

Mises à part quelques liaisons dans un lointain passé, pas des moindres et qu'il m'avait confiées, ( mais ce n'est pas à moi d'en parler ) Georges avait eu trois femmes dans sa vie : La première, dont il avait divorcé et avec qui il ne s'est JAMAIS remarié, (contrairement aux dires de certains journaux) . La seconde, dont je parle ci-dessus . Je fus la troisième et la dernière . J'étais libre et lui apportait donc réconfort et insouciance .

Se sentant un peu à l'étroit dans le tout petit logis de sa mère, l'oiseau ne tarda pas à venir s'installer dans mon nid douillet, tout aussi minuscule et au charme désuet . Je venais de repeindre fraîchement pour accueillir mon "inséparable" et la miniature du lieu semblait ne pas le déranger le moins du monde, les poètes ayant la faculté de s'accommoder de tout .

Georges arrivait toujours avec des magazines, "Le Nouvel Observateur", "Le Canard Enchaîné", qu' il se régalait à lire, dessinant par ci, par là sur les pages, des dessins toujours un peu "monstrueux" que je découpais soigneusement et que j'ai collés plus tard, dans un petit recueil . Il s'adonnait aussi aux mots croisés force 3 et même 4, de "Max Favalelli" entre autres, dans lesquels je retrouvais plein de petits dessins très surprenants . S'il n'avait pas été chanteur, Georges aurait pû être un grand dessinateur . Il excellait également dans les caricatures . Par la suite, il entreprit l'écriture d'un livre, une sorte "d"Histoire d'O", qu'il n'acheva pas . J'avais une vieille machine à écrire et lui tapais les pages au fur et à mesure, à mes moments perdus .

Georges ne déjeûnait jamais . Quand j'étais aux Folies Bergères, il dînait parfois avec sa mère, ou alors nous nous retrouvions après le spectacle, toujours en compagnie des nombreux amis qui l'entouraient . Nous allions à "La Caravelle", située juste à côté de la Villa d'Este, où un autre Georges, le sympathique barman, nous accueillait chaleureusement . Là, on retrouvait Pierre-Jean Vaillard et sa compagne Martine, notre ami Claude, qui écrivait aussi des chansons . D'autres fois, c'était l'extraordinaire Clyde du "Golden Gate Quartet", dont je garde un souvenir très ému et que Georges aimait beaucoup .  Nous croisions aussi Patachou, Isabelle Aubret et bien d'autres encore ...   

                                                          à la " Caravelle"                                                                                                                                                         

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24/07/2010

8 - A LA TOUR EIFFEL

       Plusieurs semaines passèrent aux Folies Bergère et un soir, oh surprise !  Bertie me tendit un papier, une invitation ...  Georges, à qui j'avais beaucoup plu, m'invitait le lundi suivant, jour de relâche, au dîner-spectacle du premier étage de la Tour Eiffel . C'est là que tous les soirs depuis Juin, il présentait son tour de chant, agrémenté de sketches humoristiques dont le public raffolait .

      Le lundi arriva et radieuse, je me retrouvai au premier étage de la Tour Eiffel, découvrant le  célèbre Restaurant-Cabaret en "Plein Ciel" et sa vue panoramique . Georges, très séduisant, m'accueillit un verre de scotch à la main et on m'installa à une petite table ronde au bord de la grande salle où la clientèle était attablée . Il y régnait une chaleureuse ambiance musicale, mêlée de bruits de couverts et de voix . Le spectacle commença, présenté par le célèbre Roger Grass, divers artistes se succédèrent et Gérard Marceau reparaissait régulièrement pour l'animation . Puis ce fut le tour de  Georges, la "vedette" de ce spectacle . J'étais charmée par ce répertoire inconnu pour moi et certains airs me revenaient en mémoire, surgis tout droit de mon enfance pas si lointaine . "Quand allons-nous nous marier mon cow-boy adoré", que Georges  chantait en duo avec une spectatrice avait un succès fou, l'incontournable et nostalgique "Pigalle" des années cinquante aussi . Quant aux sketches, c'était un divertissement suprême . Georges  était polyglotte et imitait avec virtuosité différents personnages truculents, du raffiné au très vulgaire, puis, en diverses langues, d'autres qui réglaient une addition salée . Les spectateurs riaient, mais certains sifflèrent !! quand Georges imita un "Allemand" d'une façon caricaturale . Je passais une merveilleuse soirée, le public  aussi, à entendre ses  applaudissements enthousiastes . A la fin du spectacle, Georges présenta ses musiciens avec une note d'humour, ce qui clôtura la soirée dans la bonne humeur . En coulisses je fis la connaissance de Jean Sala, le très apprécié et fidèle pianiste de Georges que je rencontrerai souvent par la suite, au cours des tournées .

     Scintillant de sueur, Georges s'épongea d'une petite pochette et se jeta goulûment sur un breuvage . Il m'en proposa un que je n'osais refuser . Je n'avais pas l'habitude de boire de l'alcool et mêlé à l'émotion amoureuse, ce coktail eut un effet trouble-fête lorsqu'il me raccompagna à mon domicile, dans sa belle "Toyota" gris métallisé toute neuve . Je fus prise d'une horrible envie ... de vomir !

On se dit "au revoir", mais la bise fut acide ... Alors, nous retrouvâmes en d'autres circonstances pour concrétiser notre idylle naissante .