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05/10/2010

4 - Entrée des artistes

      Autrefois, les Folies Bergère étaient un peu différentes de ce qu'elles sont actuellement . C'était un Théâtre, situé à proximité des "Grands Boulevards", avec le mémorable Grand escalier où l'on s'amusait à redire : "L'ai-je bien descendu" !       

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Le "Grand Escalier"  ( Photo Christian PETIT )

      Il y avait aussi la "fosse d'orchestre" d'où montaient les puissantes volutes musicales des instruments, les innombrables décors géants que les machinistes s'activaient à monter et descendre entre chaque tableau ... Le sol s'ouvrait, faisant paraître une cascade et des jets d'eau pour une ambiance féérique, des sellettes montaient et descendaient dans les airs . 

     Le spectacle consistait en une succession de tableaux, entrecoupée de numéros visuels . L'envers du décor, plutôt vieillot et gris, contrastait avec la salle de spectacle feutrée, aux velours rouges et  lumières éblouissantes. Il y régnait une agitation permanente, une succession d'aller et retour, des bousculades aux sorties de scène, lorsque nous remontions dans nos loges en galopant pour nous changer entre chaque tableau, tantôt parées de plumes ou de paillettes et de strass, tantôt de perruques et de robes à cerceaux gigantesques, toujours chaussées de hauts talons argent . Lucette, notre brave habilleuse, nous aidait à boutonner nos robes et serrer nos guêpières en attendant sa retraite . On voletait du haut en bas du grand escalier quand les lumières s'éteignaient après chaque tableau et je ne suis pas la seule à avoir chuté en poussant un grand cri !

     Contrairement à ce que semblent penser certaines personnes, les Folies Bergère étaient un endroit très sérieux, où tout était organisé et réglé comme une horloge . C'était une sorte d'usine, une fourmilière avec les ouvrières et la Reine, Madame Martini, un ancien mannequin qui avait épousé le Roi des fourmis . Il n'y avait pas de pointeuse, mais chaque retard était sanctionné et au bout de trois, c'était un avertissement puis une mise à pied et parfois, rupture du contrat . Jacques, le régisseur, faisait appliquer cette discipline stricte car comme un engrenage, le maillon défaillant perturbait tout le reste de la chaîne .

     Il y avait même un syndicat dont Bernard Bruce, le chef des danseurs, était responsable et qui défendait avec véhémence les droits du personnel .

      Hors répétitions, nous devions arriver avant 19 h 30 dans nos loges, en passant par "l'entrée des artistes" où le régisseur nous contrôlait. Il était impératif d'arriver à l'heure, c'est à dire au moins une demi-heure minimum avant le début du spectacle, afin de s'apprêter . Pendant que certaines s'échauffaient dans les couloirs, la Capitaine des danseuses, blonde et stricte, tricotait dans sa loge .

       J'avais de bonnes amies parmi les mannequins, surtout Julie et sa petite chienne Youyoute . En arrivant, je les croisais souvent en compagnie de Viviane et sa ribambelle de petits chiens savants, près de la buvette où les machinistes décompressaient . Le soir après le spectacle on repartait souvent ensemble, nous arrêtant parfois dans un Self de la rue Montmartre ou vers l'Opéra, avant de prendre le métro pour rentrer, elle dans le quinzième, moi dans le septième . D'autres fois, j'allais à Saint Germain des Prés ou à Montparnasse avec un copain sympa venu me chercher, jeune écrivain aux cheveux "ficelle de lin" devenu cinéaste humaniste . Salut Robert !

    Nos cachets n'étaient pas très élevés et quelques artistes comme Adam et Eve...lyne je crois, doublaient dans d'autres théâtres ou cabarets . C'était alors la course à la montre .

 

5 - UNE PIROUETTE ARRIERE DANS LE TEMPS 

      Je débutais dans ce métier qui me plaisait beaucoup et pour certains, cette vie ressemblait fort à "La Bohème" de Charles Aznavour !

    J'avais été engagée en 1975 aux Folies Bergère, dans une précédente revue encore sous la Direction de Paul Derval et Cie. L'audition des mannequins et danseuses se passait sur scène, en présence du directeur artistique Michel Gyarmathy, du chorégraphe Jacques Fabre et de la vedette Liliane Montevecchi . Nicole Moure chantait dans cette revue . Etant dotée des mensurations idéales et d'une grâce naturelle, je fus engagée sur le champ après quelques exhibitions .

     Le sympathique directeur administratif, médecin à d'autres heures, un homme mûr et très sérieux qui adorait les artistes, n'avait aucune indulgence sur les règles du travail et appliquait le réglement sans faillir . Il nous arrivait de l'accompagner parfois après le spectacle, vers vingt trois heures, au Théâtre Mogador où il avait des responsabilités . Là, on rencontrait d'autres artistes comme Maria Candido et Frank Villano qui jouaient dans "FIESTA", une Opérette à grand spectacle . A une autre occasion, plus tard, j'allai au Châtelet où se jouait "VOLGA", une nouvelle Opérette de Francis Lopez . Je me souviens d'une façon un peu floue, d'un apéritif chez ce célèbre compositeur, où je fis la connaissance de sa très belle femme "Anja" qui aura malheureusement un destin tragique .

         "Arriver en retard" était l'un de mes défauts . Et ce manquement, comme je le disais précédemment, me valut une mise à pied qui s'ensuivit de quelques péripéties .... 

à suivre ...

                                           "Pour Etre Heureux..."

Sur la route d'Albert Willemetz

( CD. SORTIES D'ARTISTES  Vol. 3 )

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